Ford GT: trois générations, trois histoires

La Ford GT possède l’une des histoires les plus incroyables du monde de l’automobile; la première a été créée avec en tête la gigantesque tâche de battre Ferrari à son propre rôle, la seconde devait rendre hommage à sa devancière tout en créant l’un des derniers supercar analogiques de son époque. Finalement, la dernière voiture à porter ce nom allie les plus récentes technologies disponibles pour créer un supercar que personne n’a vu venir.

En 1963, Henry Ford II entend parler que Enzo Ferrari désire vendre sa légendaire compagnie et décide de l’acheter. Cependant, à la dernière minute, Enzo Ferrari décide de ne plus vendre sa compagnie à Ford; dans les petits caractères du contrat, il était écrit qu’il n’avait plus le contrôle direct sur son écurie de course. Pour se venger, Ford décide de frapper Ferrari là ou ça fait mal: au 24 Heures du Mans.

Pour ce faire, il emploie le constructeur Lola et lui achète deux châssis. Grâce à l’aide d’un ingénieur ayant travaillés sur le concept Mustang I -le seul produit Ford avec un moteur central avant-, les premières Ford GT40 s’élancent au 24 Heures du Mans de 1964… et échouent lamentablement. Après une saison désastreuse, la direction du programme GT40 est confiée à Carroll Shelby. Celui-ci améliore plusieurs aspects des voitures de course et, après une saison de rodage, les GT40 gagnent finalement les 24 Heures du Mans en 1966; les trois voitures que Ford lança dans la course finirent en 1re, 2e et 3e position!

30 ans plus tard, Ford cherche une façon de fêter son centenaire, qui arrive dans moins d’une décennie… et quoi de mieux que de faire renaitre la GT40? En s’inspirant visuellement de la GT40 originale, Ford crée la GT; puisque la nouvelle version était plus haute que l’originale, elle ne pouvait plus s’appeler GT40 -la voiture de course de 1964 mesurait 40 pouces de haut-, ce qui fait le nom est raccourci pour GT. La motorisation est conçue par Shelby: un V8 de 5,4 litres tout en aluminium est utilisé et coiffé d’un compresseur de suralimentation. Le résultat final développe 550 chevaux. Pour réduire les coûts, Ford pige allègrement dans ses pièces de rechange: la GT de 2005 vient avec des clés de Windstar, une tige de clignotants de Focus, et plusieurs autres composantes connues…

Finalement, la troisième version a été lancée l’an passé; son lancement au NAIAS 2015 marqua les 50 ans de la victoire originale de Ford au 24 Heures du Mans. La conception de la plus récente GT s’est faite dans le plus grand secret: pendant 14 mois, une équipe d’ingénieurs triés sur le volet ont planché sur le bolide dans le plus grand secret dans une grande salle sous le studio de design de Ford. Contrairement aux autres voitures qui sont tout d’abord dessinées avant de passer aux mains des ingénieurs, la GT a été bâtie à partir de zéro pour optimiser son aérodynamique. La décision très controversée d’utiliser un V6 Ecoboost au lieu d’un V8 est simple: dans le futur, Ford veut que son Ecoboost prenne plus d’importance; il était donc logique de lui donner cette fantastique publicité. D’autres technologies futuristes sont aussi présentes sur la voiture, comme des roues en fibre de carbone, un aileron active, une suspension qui s’adapte à la piste ou la route… Finalement, la GT est produite par une petite entreprise en Ontario nommée Multimatic.

Fidèle à ses habitudes, la GT a même réussie à embarrasser un autre supercar: personne ne s’attendait son dévoilement, et elle a complètement volée la vedette à l’Acura NSX, qui était attendue depuis des lustres…