[Essai] Dodge Charger SRT Hellcat Widebody 2020: performances pas catholiques

Pendant que les autres constructeurs se chamaillent entre eux sur qui convertira sa meilleure sportive en VUS, ou qui utilisera quelle technologie pour entreprendre le virage vert du bon pied, Dodge a, jusqu’à tout dernièrement, vu les choses bien autrement.

Chez Dodge, ça ressemblait plus à : comment mettre le plus gros moteur possible dans le plus gros véhicule possible, et dans combien de véhicules copier la formule pour faire le plus d’heureux sur la route. La stratégie peut sembler inhabituelle à première vue, mais elle est certainement payante dans les chiffres.

Et le Charger n’a pas fait exception à cette règle, se voyant attribuer le diabolique moteur Hellcat dès l’année modèle 2015. Cinq ans plus tard, le Dodge Charger SRT Hellcat n’a pas réellement changé.

C’est dans un exemplaire de couleur similaire à celle d’un cône de circulation montréalais vrombissant de son Hemi de 6,2 litres muni d’un compresseur volumétrique que j’ai mis à l’épreuve mon voisinage avec grande vengeance, le châtiant de toute la fureur des 707 chevaux et 650 lb-pi de couple sous le capot.

Un habitacle rustre, mais confortable

On peut dire que pour une voiture qui se détaille à près de 80 000$, le Charger SRT Hellcat Widebody laisse sur son appétit au chapitre de la finition. Entre l’habitacle d’un Charger SXT avec un moteur Pentastar et celui-ci, les différences ne sont pas si nombreuses qu’on pourrait le croire.

Par contre, on a pris soin d’y installer des sièges ultra-confortables qui fournissent une étreinte rassurante, surtout pour les virages à haute teneur en forces G. C’est la moindre des choses!

Sur le plan technologique, le système d’infodivertissement Uconnect offre une prestation digne de lui-même, avec une rapidité satisfaisante, agrémentée d’un ensemble de pages de performance complexe axé sur la personnalisation des capacités du Charger SRT Hellcat. On peut passer d’un mode à un autre et refaire les divers calibrages selon l’humeur du moment, c’est pas mal génial pour moduler la bête conformément à la situation dans laquelle on se trouve.

Une puissance divine, mais qui vient avec son lot de défis

C’est par une belle semaine frisquette d’automne que les dieux chez Stellantis m’ont béni du Charger SRT Hellcat.

Bien que les accélérations fulgurantes fournies peuvent prendre le conducteur de court, le tout se fait en contrôle avec la suspension et la direction précise. Le défi, c’est le gros cul du Charger Hellcat Widebody et son rouage à propulsion qui le rendent, sans réelle surprise, susceptible à décrocher en virage. Outre son moteur notoire, il est important de souligner que la bête a droit à des amortisseurs Bilstein adaptatifs et toute une mise à niveau de la quincaillerie qui les entoure.

La gargantuesque cavalerie ne se déploie pas toujours avec la même rigeur, surtout sur une chaussée froide ou humide, et selon les paramètres enregistrés dans les pages de performance, cela peut demander une petite période d’adaptation.

Mais après quelques semaines au volant, un propriétaire habile pourra certainement se tailler un comportement sur mesure qui marchera à coup sûr.

Le freinage s’effectue de manière satisfaisante en conduite normale, malgré les quelque 4 500 livres à gérer, le tout grâce à des freins Brembo à disques de 390 mm de diamètre à l’avant et 350 mm à l’arrière, pincés par des étriers à six et quatre pistons.

Au final, la conduite du Charger SRT Hellcat peut se faire en douceur ou en fureur, selon l’humeur du conducteur. Mais une chose est sûre: il est quasiment impossible de résister à la tentation d’écraser la pédale de l’accélérateur à tous les départs pour faire rugir les 707 chevaux.

Le Jugement Dernier

« Les jours du V8 surcompressé de 6,2 litres sont comptés, a récemment déclaré Tim Kuniskis, le chef de la direction chez Dodge. Ils sont comptés en raison de tous les coûts pour se conformer aux normes. Mais la performance que génèrent ces véhicules, elle, n’a pas de fin. »

Conduire une berline armée d’un V8 surcompressé de 707 chevaux est un privilège indéniable, mais ce privilège se fait de plus en plus rare. Et ça, c’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles le Charger SRT Hellcat conserve sa pertinence dans l’âme des puristes.

On comprend que Dodge prendra finalement le virage vert. Mais ce sera avec un freinage tardif, comme on dit dans le jargon de piste, et le virage en question sera probablement entrepris à vive allure, avec les chevaux et les livres-pieds dignes de la réputation de la marque.

Dodge Charger SRT Hellcat Widebody 2020

9.0 Overall Score

10 Performances

8 Tenue de route

9 Confort et espace

9 Technologie

8 Valeur

10 Facteur cool