Pas besoin d’en être le propriétaire, si vous avez déjà conduit un Jeep Wrangler, vous avez probablement été salués par vos confrères sur la route. Et si vous êtes un prioritaire, peu importe ce que j’écris ici ne changera probablement pas l’opinion que vous avez de votre Jeep…
C’est peu dire, la marque a réussi à se bâtir toute une communauté au fil des ans.
Mais avec l’arrivée récente du Ford Bronco, il y aura peut-être un partage du segment et des fans de hors route.
Un peu de nostalgie
Mon premier véhicule fut un Jeep YJ 1995. De couleur noire, il était équipé d’amortisseurs Rancho et de sublimes jantes American Racing achetées chez Lazer Auto à Ville Saint-Laurent. Mon récent essai du Jeep Wrangler Rubicon m’a remémoré l’esprit de communauté avec les p’tits saluts aléatoires sur la route, mais également des choses comme oublier de fermer le toit avant la pluie, pour ensuite devoir lever les pieds à chaque arrêt parce que l’eau remontait derrière les pédales, avoir une hernie discale après un Montréal – Jonquière et devoir remplacer un u-joint dans la boue après une p’tite balade inspirée dans un sentier. Que de souvenirs…
Les choses ont changé depuis. Le Wrangler est plus technologique; par exemple, une variante Jeep Wrangler 4xe devrait débarquer d’ici la fin de l’année. Ce sera un système hybride greffé au moteur Pentastar à essence ou à un moteur EcoDiesel, en plus de permettre une autonomie 100% électrique qu’on ne connait pas.
Mon modèle d’essai 2020 était de couleur « vert mojito ». Et contrairement à mon YJ noir, lui, ne passait pas inaperçu. Des inscriptions rouges RUBICON sur les côtés du capot montraient au passants que je conduisais bel et bien en Jeep à 65 000$.
On ne se laisse pas conduire par un Jeep Wrangler
Sur la route, comme il faut s’y attendre, le Jeep fournit une conduite plutôt corsée. La suspension n’est pas faite pour rivaliser avec les VUS comme le Toyota RAV4 ou le CR-V, mais bien pour grimper des montagnes. Conduire un Jeep ça demande une intervention accrue du conducteur, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi pour ceux qui aiment conduire! Donc l’effet de roulis, le derrière qui décroche un peu à haute vitesse dans une bretelle d’autoroute et la conduite houleuse font « partie de la game ».
Puis il y a le bruit, dès qu’on s’approche de 80 km/h c’est presque impossible d’avoir une conversation téléphonique sur le système Bluetooth.
Mon exemplaire tape-à-l’œil était animé par la base de la sauce de FCA, le V6 Pentastar 3,6 litres qui développe 285 chevaux et 260 lb-pi de couple, et il ne manque pas de pep au chapitre de l’accélération, avec du couple en masse à bas régime et des reprises suffisantes sur l’autoroute en prime. Il est jumelé à une transmission à huit rapports qui fait des changements fluides, et n’a pas l’air perdu, même quand elle est sollicitée.
À la pompe, on parle d’une consommation observée de 12.5 L/100 km en conduite combinée ville/autoroute. Donc le Wrangler a soif, mais on peut blâmer ça sur sa carrure. C’est le seul moteur que je recommanderais pour l’instant parce qu’il a prouvé sa (relative) fiabilité; le quatre cylindres turbo à essence risque d’avoir des ennuis, et le diesel est très dispendieux.
Mais quand on sort des routes pavées, c’est là que l’achat d’un Wrangler Rubicon se justifie. Avec un rouage 4×4 versatile, le Wrangler peut rouler en mode propulsion, en 4×4 High Gear et quatre roues motrices Low Gear, le tout avec des bons vieux leviers. Et en plus, on peut verouiller les essieux avant et arrière à la simple pression d’un levier.
Le système UConnect propose également une application hors route pour vous coacher. Après ça, le sentier est votre inspiration; beaucoup de sable, de boue et de sourires.
Si vous préférez ne pas égratigner vos autocollants Rubicon sur les côtés, le rouage sera toujours à votre service en hiver pour s’extirper d’un banc de neige bien glacé.
Alors voilà, le Jeep Wrangler a évolué, mais n’a pas beaucoup changé de caractère. On lui a appris de nouveaux tours, mais il garde son âme d’off-roader qui est réticente à s’adapter à la vie de tous les jours.
On se laisse sur le sticker de mon véhicule d’essai, pour que vous compreniez comment ce petit 4×4 peut se rendre à 65 000$.